La rue Saint-Fort, des dames de Joie au saint apocryphe
S’il y a des noms de rue qui ont une histoire surprenante, difficile de passer à côté de celle de la rue Saint-Fort. L’origine de son nom remonte au passé sulfureux du Palais Gallien.
Sommaire
| Où se situe la rue Saint-Fort ? |
| Dames de joie et rue de Putoye |
| De la rue Putoye vers la rue Saint-Fort |
| Pourquoi nommer la rue Saint-Fort ? |
Où se situe la rue Saint-Fort ?
La rue Saint-Fort se situe entre le Palais Gallien et l’actuelle Basilique Saint Seurin. Une position extrêmement importante pour le choix du patronyme de cette rue. Elle se place au sud de l’amphithéâtre galo-romain de Bordeaux, et rejoint la rue éponyme du Palais Gallien.
Dames de joie et rue de Putoye
Le nom orginal de la rue Saint-Fort était rue de Putoye. Sans nul doute, devait-elle ce qualificatif au caractère très sulfureux du quartier. Notamment la présence de dames de peu de vertu qui vendaient leurs services dans les environs du Palais Gallien, alors lieu de rassemblement pour les prostitués, criminels et trafics en tout genre. Éloigné des faubourgs et posté proche des voies qui rejoignaient la porte Dijeau, l’emplacement était idéal pour ce type d’activité.
Pour aller plus loin : Le Palais Gallien, amphithéâtre de Bordeaux
De la rue Putoye vers la rue Saint-Fort
Seulement voilà, au temps de la révolution, les quartiers se sont développés et le faubourg s’est étendu. Le lieu jadis mal famé est devenu une zone résidentielle, fréquentée par des résidents plus distingués et des moines qui transitaient depuis l’église Saint-Seurin toute proche. La demande fut donc faire d’abandonner le nom de rue de la Putoye, trop dégradant. Le changement de nom est attribué à l’année 1786 selon le « Viographe bordelais » de Bernadau.
Pourquoi nommer la rue Saint-Fort ?
Saint-Fort fait référence au nom des reliques du caveau présent sous l’église Saint-Seurin. Il est un lieu de dévotion pour les femmes dont les enfants « simples d’esprit » ou manquent de force. Ce nom semblait provenir de l’évêque martyr de Bordeaux Saint-Fort. Pour autant le nom de l’homme de foi n’apparaît pas avant la fin du XIVème siècle dans les écrits et seulement en 1640 dans des documents (contestables d’ailleurs) du diocèse.
Eglise Saint-Seurin de Bordeaux
Il se pourrait donc que ce fameux Saint-Fort n’ait jamais eu d’existence réelle. L’une des pistes tendrait vers les reliques qu’auraient abritées le caveau et sur la signification originale du mot « fort », synonyme de « bâton ». Finalement, la voie populaire aurait créé un saint apocryphe (qui n’est pas authentique) en confondant la relique en elle-même et une personne physique.
Mais demeure une question : quelle est ce fameux bâton Saint-Fort ? Peut-être le célèbre bâton pastoral de Saint-Martial ? A suivre dans de prochains billets….
Sources
- Le viographe Bordealais – Pierre Bernadau
- Bibliotèque de Bordeaux
- Google Maps et Google Street View
- Etudes et documents historiques sur la région Poitou-Charentes – Jacques DUGUET
- Collège Saint-Fort
