La dernière exécution publique à Bordeaux – L’affaire Pierre Delafet
Au début du XXème siècle la guillotine bordelaise élit domicile au Fort du Hâ à Bordeaux. Même si les exécutions qui s’y déroulent restent publiques encore quelques temps, elles ne se pratiquent que sous l’oeil de quelques témoins, pour la plupart. En effet, le caractère violent de la veuve, faucheuse de tête, ne doit être porté à la vue de tous. La dernière exécution publique à Bordeaux aura lieu dans les années 30.
Sommaire
Quand a eu lieu la dernière exécution publique à Bordeaux ? |
L’histoire de Pierre Delafet |
Un véritable événement public |
Quand a eu lieu la dernière exécution publique à Bordeaux ?
C’est le 23 novembre 1933 que la dernière exécution publique à Bordeaux eut lieu. Pierre Delafet est condamné pour le meurtre des 6 membres de sa famille et amené à la guillotine. La dernière exécution publique de Bordeaux se déroule 6 ans avant la dernière en France pour Weidman à Versailles. Les exécutions se poursuivront néanmoins sans spectateurs, jusqu’à l’ultime mise à mort à Bordeaux en 1961.
L’histoire de Pierre Delafet
Pierre Delafet, 32 ans, dernier à subir le couperet en public, est accusé et reconnu coupable du meurtre des 6 membres de sa famille en 1933. Son histoire fait froid dans le dos. Le 7 février 1932, Pierre Delafet part en bicyclette voir des amis à quelques kilomètres de Moirax, là où il réside. A son retour, il assassine violemment et de sang froid sa femme, sa mère, son oncle sa grand mère et ses deux enfants de 9 ans et 3 mois. Ce sont les voisins qui découvrent le tableau macabre, inquiétés par le calme inhabituel de la ferme.
Si l’affaire Pierre Delafet est restée dans les mémoires, ce n’est pas seulement parce que ce fut la dernière exécution publique à Bordeaux. C’est aussi, parce que son personnage est tout simplement terrifiant. Pierre Delafet reconnut les faits immédiatement, mais ne marqua jamais de remord et ne se justifia point. Il était même persuadé qu’il ne serait pas condamné. Les récits nous rapportent que la veille de son exécution il tapait encore la belote avec les prisonniers et les gardiens, comme si de rien n’était. L’un des rapporteurs sur place décrit :
Il est allé à la guillotine comme s’il allait au café
Certains des journalistes ayant croisé son regard aux audiences le comparent à Landru ou Gorgulov.
Un véritable événement public
Le personnage de Pierre Delafet avait fait énormément parlé de lui. A tel point que son exécution publique est devenu un véritable événement presque national. Les rues alentours étaient noires de monde pour assister à la décapitation. Certains appartements dont les balcons et fenêtres donnaient sur la cours du Fort du Hâ avaient été loués pour l’occasion. L’ampleur de l’affaire fut telle que mêmes les journaux parisiens et nationaux la relatèrent dans leurs lignes.
► Aller plus loin : l’histoire du Château / Fort du Hâ
Certains éléments du procès sont précisés dans le Journal de Paris du 7 Mars 1933. Daniel Salmon, plus récemment, raconte en détail l’histoire dans les Cahiers D’archives.
Sources
- Source : Journal de Paris – 7 mars 1933 – BNF/Gallica
- Association Cahier d’Archives – D Salmon
- Sud Ouest – 16/08/2014
- Bibliothèque Nationale de France – Gallica
- Journal de Paris – 7 mars 1933
- La Gironde illustrée – 1er novembre 1891