Histoires et secrets

Henri Salmide, le soldat allemand qui désobéit pour sauver Bordeaux

Partager :

L’occupation allemande fit de nombreux dégâts sur la porte de Bordeaux. Elle défigura même une parti de son urbanisme, avec par exemple la construction de bunker sous la place des Quinconces. Mais grâce à Henri Salmide, le port de Bordeaux fut préserver pendant la seconde guerre mondiale.

Henri Salmide, un soldat allemande en quête de calme

Membre de la la KriegsMarine en 1936 le jeune Heinz Stahlschmidt, alors âgé de 17 ans rejoint l’armée allemande. Il sert sur le Blücher, croiseur lourd allemande qui sera coulé quelques années plus tard. Henri Salmide parvient à échapper à la noyade. Les 2 mois qui suivent feront de lui à la fois le marin le plus chanceux et malchanceux à la fois. En l’espace de quelques semaines, il connaît deux nouveaux naufrages dont il ressort indemne.

plaque comémorative Henri Salmide

Plaque commémorative de Henri Salmide

Lassé de ses mésaventures en mer, il demander à garder les pieds sur le plancher des vaches. Henri Salmide est affecté sur Bordeaux. Formé aux explosifs, il prendra entre 1943 et 1944 le commandement de la base de Roque de Thau près de Blaye. Il y conçoit torpilles et explosifs pour les occupants allemande de la capitale Girondine.

L’acte de bravoure et d’héroïsme d’Henri Salmide

1944, l’Allemagne nazie commence à perdre du terrain sur plusieurs fronts. Décision est prise par le IIIème Reich de quitter la ville de Bordeaux pour amorcer son repli. Afin de rien laisser aux alliés sur place, la hiérarchie nazie ordonne à Henri Salmide de faire sauter les quais de Bordeaux. Une centaine de kilos d’explosifs et des détonnateurs sont stockés dans un blockhaus en bord de Garonne. Cependant Heinz sait les dégats que cela va causer; des milliers de morts civils (plus de 3 000 estimés) entre les explosions en elle-mêmes et l’affaissement des quais.

Dans un premier temps, Henri Salmide essaie de s’appuyer sur les réseaux de résistance bordelais. Cependant, ces derniers hésitent largement et ne croient pas à sa démarche. Ils craignent que l’ouverture qu’il leur offre ne soit qu’un piège pour les démanteler.

quais de bordeaux en 1947

Les Quais de Bordeaux après la Guerre en 1947. Source : https://selene.bordeaux.fr/

Henri Salmide prend donc la décision difficile de le faire sauter en personne le 22 août 1944. Il s’introduit dans le blockaus et fait sauter les charges et les explosifs présents sur place. Son geste aurait couté la vie à une 50aine de soldats allemands (une 10aine suivant les sources), mais aurait sauvait des centaines de civil.

Pourquoi Henri Salmide a-t-il sauvé Bordeaux ?

Deux explications existent. La première, plutôt romanesque, impliquerait une certaine Henriette avec laquelle il vit une liaison. L’amour pour cette bordelaise l’aurait pousser à sauver une partie de la ville pour ensuite couler des jours heureux avec elle.


Maison Heinrich Heine 
https://rapportgallica.bnf.fr/

Mais, la raison qui très certainement pousser Henri Salmide à préserver les quais de Bordeaux est sûrement plus rationnelle. Ces expériences de guerre dans la marine, et la défaite proche de l’Allemagne nazie l’ont sûrement pousser à vouloir épargner les civils. La destruction des quartiers alentours n’aurait été qu’un pur acte de sauvagerie, dans une bataille perdues d’avance.

De Heinz Stahlschmidt à Henri Salmide

Le soldat Heinz Stahlschmidt sera dans un premier temps recueilli par une famille bordelaise, en secret, à la sortie de la guerre. Il retournera en Allemagne en 1946. Cependant, son acte sera considéré comme une traitrise et l’accueil de sa patrie ne sera pas des meilleurs. Il revient alors en France auprès de sa bien aimée Henriette. L’état le naturalise et lui attribue le nom de Henri Salmide en 1947.

Henri Salmide

Henri Salmide
Source : https://www.sudouest.fr/

Il rejoint alors la compagnie des pompiers, et participera une nouvelle fois héroïquement aux grands incendies des Landes de 1949. Il est fait chevalier de la légion d’honneur en 1995, mais ne sera jamais décoré pour ses faits d’armes pendant la guerre. Il décède en 2010 à Bordeaux et laisse son nom à la rue Salmide.

Partager :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *