L’ancien commissariat de Castéja
Le 87, rue de l’Abbé de l’Epée, est plus connu dans l’esprit des bordelais comme l’ancien Commissariat de Castéja. Mais l’histoire de ce lieu est bien plus chargée. Nécropole, couvent, puis institut des sourds, découvrez le destin de ce lieu de Bordeaux.
Sommaire
Où se trouve l’ancien commissariat de Castéja
L’ancien commissariat de Castéja se situe à l’angle entre la Rue de l’Abbé de l’Epée et de la Rue Castéja. L’emplacement se situe historiquement en plein coeur de la Sauveté de Saint-Seurin, dont le quartier tire toujours son nom. Un positionnement géographique qui a une grande importance dans les vies antérieures de la préfecture de police.
Le début de l’histoire, une nécropole antique
Fin 2016, lors des travaux de réhabilitation de l’ancien commissariat Castéja, le bureau d’investigations archéologiques Hadès met à nue une nécropole antique. L’ensemble qu’elle compose est d’une rare qualité. Au total, ce sont 600 sépultures et 81 fosses qui ont été identifiées. La nécropole de Castéja est datée du IVème siècle. Les archéologues attribuent sa création à une période épidémique, possiblement de type anthrax ou variole.
Pourtant, cette découverte n’est pas la première faite sur cet emplacement. J’y reviendrai plus loin, mais l’ancien commissariat avait pris la place dans les années 50 de l’Institut des Sourds , fondé à la fin du XVIIIème siècle. Déjà en 1876, des fouilles réalisées dans la cour et les jardins de l’institution mentionnaient des sépultures, alors datées approximativement des premiers siècles. Ci-dessous, un descriptif de la Revue Archéologique de 1876 qui les mentionnent.
La sauveté Saint-Seurin et les exploitations viticoles
A partir du Moyen Âge, l’emplacement de l’ancien commissariat de Castéja se place au coeur de la Sauveté Saint-Seurin. Ce chapitre, avec la construction de sa basilique et l’hébergement de saintes reliques, est tout puissant sur la région, notamment pour la production de vin. Il est donc fort logique que le plateau soit dédié à des domaines viticoles. Toutefois, les exploitations restent situées en dehors des murs de la ville de Bordeaux, comme le montre ce plan de la ville du XVIème siècle.
Les exploitations se composent de 24 concessions accordées par le chapitre, divisées en 28 parcelles, si l’on se base sur les travaux de Sandrine Lavaud. Elles se situent plus précisément sur le domaine dit de Tauga, schématiquement aujourd’hui entre les rues du Palais Gallien et Judaïque. Les bâtiments et logements n’apparaissent dans le secteur qu’entre le XVIème et XVIIème siècle.
Le couvent des Catherinettes
Vers la fin du XVIIème, les Catherinettes (ordre de Sainte-Catherine Sienne) souhaite s’implanter dans le secteur. L’ordre rachète petit à petit des logements et des terrains. Rapidement elles décident de s’étendre sur le quartier. Puis, vers 1670 les chanoines de Sainte-Seurin leurs cèdent les droits les seigneuriaux sur les parcelles. Les Catherinettes peuvent désormais y établir leur couvent et une chapelle dédiée. Le lieu leur restera le leur jusqu’à la fin de la Révolution.
L’institut des Sourdes et Muettes de Bordeaux
Sous l’impulsion de l’archevêque de Bordeaux, la création d’une institution pour les sourds-muet est lancée à Bordeaux. Elle voit le jour vers 1790. Après deux déménagements successifs, l’institut est finalement transféré aux couvent des Catherinettes en 1796. Toutefois et la solidité de l’édifice ne permet pas de le garder en l’état. Des travaux sont donc entrepris à partir de 1825. Malgré tout , ce n’est toujours pas suffisant pour assurer les normes de salubrité et de sécurité de ce type d’établissement.
Plusieurs phase de reconstruction et de réaménagement sont mises en place. L’Institution des sourds-muets achève sa mutation et son extension en 1870 avec la destruction du couvent quelques années plus tôt. Cette transformation prévoit de conserver la chapelle (aujourd’hui disparue). Jusqu’à 1950, le bâtiment continuera de se moderniser, avant de partager ses locaux avec la préfecture de police.
Vous pouvez retrouvers toute l’histoire sur lieu sur le site l’institut : https://injs-bordeaux.org/linjs/historique/
L’ancien commissariat et préfecture de police de Castéja
En 1950, la préfecture de Police vient partager les locaux avec l’institut des sourds et muets. En quelques années, c’est tout le bâtiment qui va être investi par les forces de l’ordre. La chapelle est rasée pour faire place à une salle de gymnastique, les fresques et vitraux sont détruits. L’institut des sourds est définitivement déplacé à Gradignan. Celui que l’on connait sous le nom de commissariat Castéja, ou plus communément Castéja, reste ouvert pendant un peu plus de 50 ans. En 2003, les locaux de la préfecture déménagent à Meriadek, et dix ans plus tard, le bâtiment est confié à l’aménageur Gironde Habitat pour le réhabiliter.
Si vous souhaitez découvrir l’intérieur de cet ancien commissariat de Castéja, je vous recommande cet article de Sud Ouest, riche en photos : https://www.sudouest.fr/2018/07/12/bordeaux-en-images-la-grande-et-la-petite-histoire-de-l-ilot-casteja-5224224-5138.php
Aujourd’hui, un nouveau complexe urbain
En 2021 c’est le projet (Ré)Public qui prendra la succession de ce lieu chargé d’histoire. Démarrée en 2014, cette nouvelle séquence urbaine réunira des logements, une école maternelle, un local associatif, une résidence hôtelière, une brasserie et un parking souterrain.
Vous pouvez rtrouver toute l’actualité du projet sur leur site officiel https://www.projet-republic.fr/
Sources
- Bureau d’investigations archéologiques Hadès
- Projet (Re)Public – https://www.projet-republic.fr/
- Sud Ouest : https://www.sudouest.fr/2018/07/12/bordeaux-en-images-la-grande-et-la-petite-histoire-de-l-ilot-casteja-5224224-5138.php
- Thèse Sandrine Lavaud : Thèse.fr
- INJS Bordaeux – https://injs-bordeaux.org/
- Université de paris
- Bibliothèque nationale de France : BNF / Gallica