Les premiers Bordelais étaient-ils vraiment… bordelais ?

Histoires et secrets
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Les premiers Bordelais étaient-ils vraiment… bordelais ? La question fait sourire : on les imagine déjà accoudés à un tonneau de vin au bord de la Garonne, devisant avec accent et humour. Eh bien, détrompez-vous. Quand le géographe grec Strabon décrit Burdigala au Ier siècle ap. J.-C., il ne parle pas d’une ville enracinée « depuis toujours » : ses habitants principaux sont… des bituriges vivisques, un peuple déplacé de Bourges (Avaricum).

Bref, les Bordelais d’origine n’étaient pas « du coin », mais plutôt des arrivés avec leurs valises (un peu comme les parisiens aujourd’hui 🤣) ! Pas de panique : ça n’enlève rien à leur mérite. Au contraire, cela explique pourquoi Bordeaux est née comme une ville de passage, d’échanges, de brassage. Et quand on y pense… Bordeaux n’a jamais cessé d’être comme ça.

⏳ Timeline express des origines bordelaises

  • IIe siècle av. J.-C. : populations ibères et celtes installées dans la vallée de la Garonne.
  • IIe âge du fer : vestiges de cabanes en bois retrouvés rue Sainte-Catherine et allées de Tourny.
  • Ier siècle av. J.-C. : arrivée des Bituriges Vivisques depuis Bourges.
  • Vers l’an 10 ap. J.-C. : plan romain mis en place (rues droites, forum).
  • IIe siècle ap. J.-C. : apogée de Burdigala, 170 hectares, Palais Gallien et Piliers de Tutelle.

En gros : Bordeaux est née métisse, commerçante.

👣 Qui étaient les Bituriges Vivisques ?

Les Bituriges venaient du centre de la Gaule, autour de Bourges (Avaricum). Leur nom est presque mégalo : « rois du monde » (rien que ça).

Sous l’influence romaine, une partie de ce peuple a été déplacée au bord de la Garonne. Pourquoi ? Parce que Rome savait utiliser ses alliés : installer un peuple fidèle dans une zone stratégique, voilà qui permettait de tenir le terrain et d’animer le commerce.

Et voilà comment des Gaulois berrichons se sont retrouvés… Bordelais !

plan gaule - bituriges vivisques
Le peuplement de la Gaule

🌍 Des peuples en mouvement : quand Rome déménage ses voisins

Au Ier siècle av. J.-C., la Gaule est un grand terrain de jeu pour Rome. La stratégie ? Déplacer des populations pour occuper, sécuriser, organiser. Les Bituriges Vivisques ne sont pas un cas isolé : d’autres peuples (les Santons vers Saintes, les Volques vers Nîmes) subissent le même sort.

Résultat : Bordeaux naît d’un mélange – Ibères, Gaulois, Romains – et devient très vite un carrefour linguistique et culturel. On y parlait celte, ibère, latin… et probablement un joyeux mélange des trois.

🏗️ Naissance de Burdigala après les bituriges vivisques

Strabon l’écrit au Ier siècle : « Ils [les Bituriges Vivisques] occupent une ville-marché (emporion), Bourdigalla, située sur une espèce de bras de mer que fait l’estuaire du fleuve. ».

Pourquoi ce site ?

  • Une terrasse surélevée (Puy-Paulin, Mont Judaïque), parfaite pour éviter les marais.
  • La Garonne comme voie royale vers l’Atlantique.
  • La confluence avec la Dordogne et l’estuaire.

D’abord modeste (5-6 hectares), la ville grossit vite. Dès Auguste (vers l’an 10 ap. J.-C.), on trace des rues droites (cardo, decumanus) dont certaines existent encore dans le plan actuel (rue Sainte-Catherine, Porte-Dijeaux).

Burdigala au temps des Bituriges vivisques

Sous le Haut-Empire, Burdigala explose : 170 hectares, un forum, des thermes, un amphithéâtre (le Palais Gallien), des temples et nécropoles. C’est le moment où Bordeaux devient une capitale régionale du commerce, notamment du vin. Et non, ce n’est pas une légende : des amphores de vin bordelais se retrouvent jusqu’en Bretagne et en Germanie. 🍇

🤔 Alors, les premiers Bordelais étaient-ils vraiment bordelais ?

Eh bien… pas vraiment. Les premiers habitants venaient d’ailleurs, déplacés depuis Bourges. Les « vrais » Bordelais de l’Antiquité étaient donc un mix : Bituriges + Ibères + Gaulois aquitains.

Mais au fond, c’est peut-être ça qui fait le vrai ADN bordelais : être un mélange dès l’origine. Bordeaux a toujours été une ville de passage, d’accueil, de commerce. Une cité où l’on arrive, où l’on repart, mais où l’on laisse toujours un peu de soi.

Autrement dit : Bordeaux est née « ville d’importés », et c’est ce qui fait son charme. Et quand on y pense… ça colle parfaitement avec son histoire moderne de ville cosmopolite.

🏛️ Héritages gallo-romains encore visibles

Vous pensez que tout ça est loin ? Pas tant que ça. Bordeaux garde encore de beaux témoins de son passé romain :

  • Le Palais Gallien : l’amphithéâtre construit fin IIe siècle.
  • Les Piliers de Tutelle (disparus au XVIIIe siècle, mais visibles sur les gravures de Drouyn).
  • Le tracé des rues : Sainte-Catherine ou Porte-Dijeaux reprennent les axes antiques.
  • Des nécropoles découvertes à Saint-Seurin ou Terre-Nègre.

Bref, en levant un peu les yeux (et en prenant un verre au passage), on marche encore sur les pas des Bituriges.

🙋‍♂️ FAQ pour briller en société sur les bituriges vivisques

Pourquoi les Bituriges sont venus à Bordeaux ?
Parce que Rome les y a installés ! Pas vraiment un choix de vacances.

Burdigala, ça veut dire quoi ?
Plusieurs hypothèses : « bourg gaulois », ou dérivé d’un mot celte pour « petite forteresse ». O’Reilly propose aussi « Burgus Gallicus ». Mais ce n’est pas la seule piste (voir l’article sur les surnoms de Bordeaux).

Ils buvaient déjà du vin ?
Oh que oui ! Dès le Ier siècle, Bordeaux exporte du vin en amphores.

Cosmopolite dès l’origine, vraiment ?
Oui. Entre Ibères, Gaulois, Romains et marins de passage, Bordeaux a toujours été une ville de brassage.

Quel monument romain vaut le détour ?
Le Palais Gallien, seul vestige monumental encore debout. Immanquable.

📚 Sources et liens utiles

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