Histoires et secrets

Les momies de Bordeaux

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Rassurez-vous l’histoire que nous allons découvrir aujourd’hui ne mettra pas en scène des momies vengeresses ou des malédictions. Et ce, même si Halloween approche à grand pas. Mais jusque dans les années 90, les touristes en quête de morbide pouvez observer librement des momies à Bordeaux, à la Basilique Saint-Michel. Découvrons cette histoire.

La légende des momies de Bordeaux

Je vous vois venir et évidemment, je vais la jouer un peu racoleur 😉 Voici des photos d’époque des fameuses momies de Bordeaux. Cela vous évitera de scroller 😉

Difficile également de commencer cet article sans évoquer la légende autour des momies de Bordeaux. Avec une grande modestie toutefois face à de plus grands récits comme ceux qui entourent les découverte de leurs homologues égyptiennes comme celle de Toutankhamon. En réalité il ne faut d’ailleurs pas parler d’une légende, mais de plusieurs légendes. En effet pendant près de 2 siècles (de 1791 à 1990) les momies étaient une attraction touristique immanquable. De noms très célèbres comme Victor Hugo, Jules Vernes, Stendhal, Théophile Gautier ou Flaubert sont venues les voir. Leur prose a consolidées ces légendes. De nombreuses d’entre elles sont décrites dans cette édition de Maurice Ferrus qui remonte à 1939.

momies de bordeaux édition de Maurice ferrus

Parmi les histoires incroyables décrites dans l’oeuvre, on notera par exemple :

  • La légende du Portefaix : un homme de forte stature aurait réussi lé défi de porter une pierre de plus d’une tonne sur ces épaules, depuis la porte Cailhau jusqu’au Chartron. Il aurait tellement forcé que l’effort aurait déchiré son abdomen et laisser échapper ses entrailles.
  • Le Général de Preissac : cette momie serait celle d’un illustre général qui aurait perdu un duel. L’emplacement de la lame qui le fit passé de vie à trépas serait visible sur son flanc droit décharné.
  • L’odalisque : le corps de cette jeune femme serait celui d’une servante issue de la « traite des nègres ». L’odalisque désignant la concubine d’un harem (initialement servante dans un sérail turc)
  • L’enfant enfermé vivant : peut-être la plus terrible de toutes, tant la douleur visible sur la momie et le cadavre. Il s’agirait celui d’un enfant inhumé vivant. Son corps porterait encore ses tentatives pour s’échapper de son cercueil, avec ses doigts crispé et tendus et sa gorge gonflée par les cris.

Les momies de Bordeaux sont autant de spectres dont les auteurs ont compté la vision d’horreur.

momies de bordeaux, theohile gautier

La véritable histoires des momies de Bordeaux

En 1791, le département de Bordeaux a ordonné la suppression de l’ancien cimetière paroissial entourant l’église Saint-Michel pour des raisons discutées, comme la prévention des épidémies ou le soutien au développement urbain. Lors de l’exhumation des sépultures, plusieurs dizaines de momies, connues sous le nom des « momies de Saint-Michel », ont été découvertes. Entre soixante et soixante-quinze momies en excellent état de conservation ont été déterrées et exposées dans la crypte sous la tour Saint-Michel, devenant une attraction touristique majeure à Bordeaux.

Estampe des momies de Bordeaux de 1877

Cependant, en 1979, malgré le succès touristique, le conseil municipal a décidé de fermer l’accès au public en raison des dommages causés aux momies par les visiteurs. Des actes de vol et des dégradations ont été constatés, mettant en péril leur préservation. En 1990, les momies ont été transférées au cimetière de la Chartreuse en raison de tentatives de profanations, où elles reposent désormais dans un reliquaire dépendant de l’ossuaire général n°3, préservant ainsi la dignité des défunts et leur intégrité.

Depuis mai 2013, les momies de Saint-Michel sont mises en valeur de manière subtile à travers des images projetées dans le caveau, évitant les perturbations potentielles causées par les momies authentiques. Un documentaire de huit minutes, créé à partir d’archives photographiques et sonores des guides passés, est présenté lors des visites pour retracer l’histoire de ces momies, qui ont été une attraction fascinante de 1791 à 1979, attirant des visiteurs de loin. Pour une expérience encore plus immersive, un livre édité par l’Office de Tourisme de Bordeaux est également disponible, offrant un aperçu détaillé de ce trésor historique unique.

Pourquoi un tel état de conservation pour les momies

Contrairement aux momies égyptiennes, les momies de Bordeaux sont entièrement naturelles. Comprenez par là qu’elles n’ont fait l’objet d’aucun processus d’embaumement. Pendant longtemps, on a cru que l’état de conservation était était lié à la structure même du caveau. Cependant, les dernières études ont montré que c’est la composition du sol et l’emplacement du caveau (sur un ancien cimetière) en seraient la cause. Un sol argileux et sablonneux qui a figé les corps dans leur état macabre, au moment du décès.

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