Dans la grande famille des portes bordelaises, certaines se montrent encore (coucou Cailhau 👋), d’autres ont laissé une silhouette devinable dans le tracé des rues… et puis il y a les discrètes. Celles qui ne survivent que dans une phrase latine planquée dans un registre médiéval, dans un mot gravé au détour d’une source ancienne, ou dans le souvenir d’un puits oublié. La porte Toscanam appartient à cette catégorie-là : discrète, disparue, mais bel et bien réelle.

Pendant des siècles, elle ouvrait un passage dans le rempart, dans un secteur aujourd’hui méconnaissable, remodelé par le percement du cours d’Alsace-et-Lorraine. Grâce aux textes, on peut pourtant la replacer précisément dans la ville, face à la moderne rue Porte-Basse. Et comme Bordeaux a toujours aimé juxtaposer les couches d’histoire, une autre porte — la porte Basse — se trouvait juste à côté, chacune occupant son rôle dans la défense urbaine.

📜 Une phrase latine… et toute une porte qui réapparaît

Le document clé provient d’un texte cité par Baurein et repris par Pierre Bernadau dans son Viographe bordelais. On y lit :

« rua de Subtus-Murum que, a puteo et porta de Toscanan, ducit »
(La rue Sous-le-Mur qui conduit au puits et à la porte de Toscanan.)

C’est court, mais c’est suffisant pour affirmer deux choses essentielles :

• il existait une porte appelée Toscanan,
• il existait un puits portant le même nom,
• et tous deux se trouvaient dans le même secteur du rempart, desservis par une rue longeant la muraille.

Pour une porte disparue, c’est presque un portrait-robot.

📍 Où se trouvait exactement la porte Toscanam ?

Pour la localiser, on s’appuie sur les Archives municipales de Bordeaux, publiées par Léo Drouyn. Elles précisent noir sur blanc l’emplacement du puits de Toscanan, ce qui permet de retrouver celui de la porte :

Le puits de Toscanan se trouvait au milieu de la chaussée du cours d’Alsace-et-Lorraine, à son croisement avec la rue Porte-Basse.

💡 Comme le texte médiéval associait directement puits et porte, la conclusion s’impose :
👉 la porte Toscanam était située à l’emplacement actuel où la rue Porte-Basse rejoint le cours d’Alsace-et-Lorraine (anciennement rue des Lois)

Elle a disparu peu après 1900, lors de l’ouverture du cours, qui a balayé les derniers vestiges du rempart dans ce secteur. Aujourd’hui, un passant distrait n’y verrait qu’un carrefour. Un lecteur averti, lui, peut imaginer une ouverture voûtée, un passage vers le cœur de la ville, et quelques silhouettes médiévales traversant la muraille.

D’ailleurs si vous passez au croisement de la Porte Basse et du cours Alsace Loraine, levez un peu les yeux pour trouver une gravure qui symbolise la porte !

🧱 Et la porte Basse dans tout ça ? Deux portes, deux emplacements.

La porte Basse est attestée dans la même série de documents, mais elle se trouvait à un autre endroit. Les Archives municipales la décrivent ainsi :

« Porta Bassa […] s’ouvrait dans le mur de l’enceinte romaine, à la rencontre de la rue de Cheverus et du cours d’Alsace-et-Lorraine. »

Son emplacement correspond donc à l’entrée de l’actuelle rue Cheverus, côté cours d’Alsace-et-Lorraine. Elle a été détruite peu après 1800, bien avant l’arrivée du tramway, du bitume et de la grande percée du cours. Le tableau est donc clair :

• porte Toscanam = entrée actuelle de la rue Porte-Basse
• porte Basse = entrée actuelle de la rue Cheverus

Deux portes. Deux positions précises. Deux dates de disparition distinctes.

💧 Le puits de Toscanan : un petit détail qui change tout

Dans les villes anciennes, un puits n’était jamais anodin : il servait de point d’eau, de repère et parfois… de marqueur toponymique. Ici, il est crucial : sans lui, on ne pourrait pas replacer la porte Toscanam.

Le texte médiéval les associe dans la même phrase ; les archives municipales donnent l’emplacement du puits ; la topographie moderne conserve l’alignement des rues. Résultat : même si tout a disparu, la porte Toscanam reste localisable avec une grande précision. On peut imaginer les habitants s’y croiser, remplissant leurs seaux, franchissant la porte, vivant à portée de rempart — un quotidien qui n’a laissé que quelques mots, mais qui suffit à faire revivre le lieu.

✨ Petite évocation : quand Bordeaux respirait derrière ses murs

Le cours d’Alsace-et-Lorraine, si large aujourd’hui, n’existait pas encore. À sa place, on trouvait un tissu serré de maisons, de ruelles et de murailles. La porte Toscanam ouvrait sur tout cela, telle une articulation entre la ville close et les faubourgs.

Il n’en reste rien, mais il suffit de connaître l’emplacement pour sentir l’écho des anciennes pierres :
là où les tramways passent, une porte de la ville médiévale avait sa place ; là où l’on traverse sans y penser, des soldats montaient autrefois la garde ; là où le flot des Bordelais circule, un puits indiquait l’entrée d’un passage disparu.

❓ FAQ pour briller en société 😎

❓ La porte Toscanam a-t-elle vraiment existé ?

✔ Oui, elle est explicitement citée dans un texte médiéval reliant le puits et la porte de Toscanan.

❓ Où se trouvait-elle ?

📍 À l’emplacement où la rue Porte-Basse rejoint le cours d’Alsace-et-Lorraine.

❓ Est-ce la même chose que la porte Basse ?

❌ Non :

• Porte Toscanam → rue Porte-Basse
• Porte Basse → rue Cheverus
  

❓ Quand a-t-elle disparu ?

🛠️ Peu après 1900, lors du percement du cours d’Alsace-et-Lorraine.

❓ Et le puits de Toscanan ?

💧 Il se trouvait au même endroit que la porte, en plein milieu de l’actuel cours.

📚 Sources

• Pierre Bernadau, Le Viographe bordelais, citation de Baurein.
• Archives municipales de Bordeaux, éd. L. Drouyn — notices « Puits de Toscanan » et « Porta Bassa ».
• Groupe Facebook “Autrefois en Gironde” : https://www.facebook.com/groups/555450927064517
  

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