L’histoire de la Grosse Cloche à Bordeaux
La Grosse Cloche de Bordeaux est incontestablement l’un des monuments les plus emblématiques de Bordeaux. Au même titre que le Miroir d’Eau ou que la Cathédrale Saint André (d’ailleurs de la même époque). Je vous propose dans ce billet d’entrer en résonnance avec son histoire.
La Grosse Cloche, ou plutôt, la Porte Saint Eloi ?
Déjà, clarifions le nom qui est donnée à la Gross Cloche. Initialement son nom représente uniquement la grande cloche qui trône en haut du Beffroi. En effet, le bâti en lui même se nomme la Porte Saint Eloi, en référence à l’Eglise Eponyme qui la jouxte. Permettant l’accès à la ville aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, elle se surnomme également Porte Saint James (rue sur la quelle elle débouche). James étant l’anglicisation de Jacques.
Un des derniers vestiges de l’histoire médiévale de Bordeaux
La Grosse Cloche (ou Porte Saint Eloi donc), est l’un des derniers monuments de l’histoire médiévale civile de Bordeaux. Son histoire démarre au XIIIème siècle. A cette époque, la porte est d’aspect plutôt primitive. Elle ne constitue qu’un simple passage dans le premier rempart de protection de la ville. A cette époque, la porte Saint Eloi permet aux voyageurs d’entrer dans la ville de Bourdeaux (non, je n’ai pas fait de faute ;)). Elle ne possède pas encore de cloche, ni de détails architecturaux notables.
Ce n’est qu’au XIVème siècle que la Porte Saint Eloi se dote d’une cloche, de 6 tours de protection et s’inscrit au ban communal. Dès lors la Grosse Cloche va prendre ses pleines fonctions et rythmer le quotidien des bordelais. Elle sonne le début et la fin des vendanges, elle prévient les habitants en cas d’incendie, de crues ou de dangers. Petit à petit elle va se doter des armoiries de la ville et de divers éléments architecturaux. Par exemple la girouette de la Grosse Cloche rappelle la présence anglaise.
Entre la XVème siècle et le XVIIème siècle la cloche va largement évoluer. Les Six tours initiales qui la composaient vont se réduire à 2 uniquement (qui s’élève à 40m de haut. Des crénelages et un campanile (abri pour le cloche) ainsi que des gargouilles et une horloge pareront petit à petit la Grosse Cloche qui va devenir alors un élément central de la ville jusqu’à figurer sur ses armoiries.
La Grosse cloche prend également une double fonction punitive. La première en termes de privation. Lorsque les bordelais ne respectaient l’ordre établi, la monarchie décrochait la cloche et leur retirait en guise de punition. Se fut notamment le cas lors des révoltes de la gabelle au XVIème siècle qui priva pendant 10 ans les bordelais de leur cloche (jusqu’à une décision d’Henri II). La seconde en tant que prison communale. Des geôles étaient installées dans les tours et accueillaient les droits communs et les troubles à l’ordre public. D’où son surnom d’Hôtel du Lion d’or en référence à la forme de la girouette, où malgré le patronyme, il ne faisait pas bon séjourner.
L’arrivée d’Armande Louise, la nouvelle Grosse Cloche
La cloche qui siège actuellement au sommet de la porte Saint Eloi, n’est pas l’originale. Pendant la révolution française, la cloche médiévale auraient connue un destin funeste. Un énorme incendie ravagea Bordeaux et à force de sonner, la cloche se serait fendue. Un nouvel organe fut alors commandé et monté sur la porte. Comme le veut la tradition, la Grosse Cloche fut baptisée et pris le nom d’Armande Louise.
Cette fameuse Armande Louise est un beau bébé 🙂 Fondue en 1755 par le fondeur Turmeau ses mensurations sont étonnantes. Elle pèse 7.8 tonnes pour un diamètre et une hauteur de 2.10m. Les vibrations émises par la Grosse Cloche sont telles qu’elles ont embrêlé l’édifice en lui même (et les habitations environnantes avec la densification urbaine). Des travaux de rénovations eurent lieu à plusieurs reprises pour éviter l’effondrement.
Aujourd’hui, la cloche n’est plus active en tant que telle. Afin d’éviter tout nouveau dégâts elle ne résonne plus qu’à certaines occasion, parfois comme le 1er Janvier, le 1er mai, le 8 mai, le 14 Juillet le 28 Aout, le 11 Novembre. La ville souhaite rester fidèle à sa vocation, gravée en latin en son sein.
«convoco arma, signo dies, noto horas, compello nubila, concino laeta, ploro rogos »
« J’appelle aux armes, j’annonce les jours, je donne les heures, je chasse l’orage, je sonne les fêtes, je crie à l’incendie, je pleure les morts ».
Armande Louise est d’ailleurs contemporaine de l’horloge de 1759 conçue par le mathématicien et astronome Paul Larroque, installée sur son fronton.
Est-il possible de visiter la Grosse Cloche ?
La Grosse Cloche se visite. Habituellement, elle est ouverte toute l’année. Il vous en coûte 6€ par personne pour une visite de 30min des remparts et des anciens cachots notamment. Toutefois, les visites restent, à l’heure où j’écris cet article, impossible au public pour des raisons de sécurité. Vous pouvez vous inscrire sur le site « Visiter Bordeaux » être tenu informés de la reprise.