Tour Pey Berland : la tour qui voulait toucher le ciel

Impossible de passer à Bordeaux sans lever les yeux vers la Tour Pey Berland. Elle est là, fière, élancée, comme si elle défiait le ciel depuis six siècles. Mais derrière cette silhouette de pierre dorée par le soleil girondin se cache une histoire d’audace, de foi… et de patience (beaucoup de patience ⏳).

Construite sans cathédrale à ses pieds, restée muette pendant 400 ans, la Tour Pey Berland est bien plus qu’un clocher : c’est le symbole vertical de Bordeaux, un phare de pierre pour une ville de vin et de vent. 🍷💨

🕰️ Timeline express

📜 1440 — Pey Berland, archevêque de Bordeaux, pose la première pierre.
🔨 1492 — Fin des travaux, après plus d’un demi-siècle de chantier.
🔔 1851 — Les cloches sont enfin installées, dont “Marie”, la plus imposante.
🌟 1863 — La Vierge dorée de Durand vient couronner la tour.
🏛️ 1862 — La tour est classée monument historique.
🧗 1980 — Ouverture au public : 233 marches, mollets garantis.
📸 Aujourd’hui — Elle attire plus de 100 000 visiteurs chaque année.

👑 Pey Berland, archevêque, bâtisseur et un peu visionnaire

Pierre Berland, dit “Pey”, n’est pas né avec une tiare en or. Issu d’une famille modeste du Médoc vers 1370, il gravit patiemment les échelons de l’Église pour devenir archevêque de Bordeaux en 1430. Humaniste et pragmatique, il veut doter sa ville d’un clocher digne de sa foi, mais aussi… à l’épreuve du temps. Il décide donc de bâtir la Tour Pey Berland à quelques mètres de la cathédrale Saint-André — un geste audacieux, car les clochers accolés fragilisaient souvent les voûtes.

Résultat : une construction séparée, novatrice, et magistrale.

« Pey Berland fit bâtir cette tour non pour sa gloire, mais pour celle de Dieu et de Bordeaux. »
— Abbé O’Reilly, Histoire complète de Bordeaux

🧱 Une prouesse gothique : la “tour deux fois carrée”

La Tour Pey Berland n’est pas qu’un chef-d’œuvre de pierre : c’est aussi une énigme architecturale.
Une inscription latine gravée sur sa façade sud, datée de 1440, raconte sa fondation :

“Toi qui regardes cette tour avec des yeux bienveillants, sache qu’elle fut commencée en 1440 sous d’heureux auspices. Pierre, archevêque de Bordeaux, posa la première pierre.”

L’expression disquadram turrim (tour « deux fois carrée ») intrigue encore les historiens. Pierre Trial, dans son étude de 1930, y voit une allusion à la forme unique de la tour : carrée à la base, octogonale au sommet. Une géométrie parfaite, symbole de stabilité et d’élévation spirituelle. 🌀

🔔 Une tour sans voix pendant quatre siècles

Ironie du sort : la Tour Pey Berland, conçue pour abriter des cloches, resta silencieuse pendant plus de 350 ans ! 😶 Les finances de l’archevêché, déjà bien entamées par le chantier, ne permirent jamais d’installer le beffroi. Ce n’est qu’en 1851, sous le Second Empire, qu’on y plaça enfin quatre cloches monumentales, dont la plus imposante — Marie — pèse près de 8 tonnes !

Aujourd’hui encore, leur son résonne sur la place : un grondement profond, presque charnel, qui fait vibrer le pavé et le cœur des Bordelais. ❤️

🌟 La Vierge dorée de la Tour Pey Berland, gardienne des vents et des vignes

Couronnée en 1863 d’une statue de la Vierge à l’Enfant haute de 6 mètres, dorée à la feuille d’or, la Tour Pey Berland brille littéralement sous le soleil.

Cette œuvre du sculpteur Durand regarde vers le sud — un choix symbolique : elle bénit la ville et les vignobles, rappelant que Bordeaux, c’est aussi une terre de foi et de vin. 🍇 Les Bordelais aiment dire que la Vierge protège à la fois les marins et les vendanges… et que si elle lève les yeux, c’est pour surveiller la météo ! 🌤️

🏙️ Une tour au cœur du vieux Bordeaux

L’abbé O’Reilly, dans sa Histoire complète de Bordeaux, la cite parmi les grands bastions de la ville médiévale. Construite à un carrefour de ruelles, elle dominait autrefois un lacis de toits et de clochers. Son sommet offrait déjà une vue stratégique : la Garonne, la Devèze, les portes fortifiées.

Aujourd’hui, du haut de ses 233 marches, on aperçoit la Grosse Cloche, Saint-Michel, le Grand Théâtre, et jusqu’aux collines du Médoc. Un panorama unique qui donne l’impression d’embrasser toute l’histoire de Bordeaux. 🕊️

🕵️‍♀️ Anecdotes croustillantes sur la Tour Pey Berland

🔸 Un trésor caché — Lors de travaux de restauration au XIXᵉ siècle, on retrouva plusieurs pièces de monnaie anciennes dissimulées dans les fondations, un usage médiéval destiné à “bénir” la construction.

🔸 Un symbole républicain malgré elle — Pendant la Révolution, la tour échappa à la destruction, mais servit brièvement… de dépôt militaire ! Ses sculptures échappèrent miraculeusement à la fureur des sans-culottes.

🔸 Le vertige du guide — Une légende raconte qu’un des premiers guides touristiques, en 1880, aurait gravi la tour plus de 15 000 fois au cours de sa vie, “sans jamais rater une marche”… sauf la dernière, où il chuta sans gravité (et devint célèbre dans le quartier).

🔸 Un couple improbable — Pendant les travaux de la cathédrale, la Tour Pey Berland servait parfois de pigeonnier. Plusieurs générations de faucons y ont niché, au grand bonheur des photographes. 🕊️

💬 FAQ pour briller en société

Pourquoi la Tour Pey Berland est-elle séparée de la cathédrale ?
👉 Pour éviter les vibrations des cloches sur les voûtes fragiles de Saint-André.

Quelle est sa hauteur ?
👉 66 mètres (et 233 marches pour y monter, courage ! 💪).

Que signifie son nom ?
👉 Elle porte le nom de son fondateur, Pey Berland, archevêque et bâtisseur du XVe siècle.

Peut-on la visiter ?
👉 Oui ! Elle est ouverte au public, et la montée vaut largement l’effort.

Pourquoi dit-on qu’elle est « deux fois carrée » ?
👉 Parce que sa base est carrée, mais sa partie supérieure est octogonale — un symbole de perfection spirituelle selon les architectes gothiques.

📚 Sources et références

• Pierre Trial, Autour de la Cathédrale Saint-André de Bordeaux : l’inscription de la Tour Pey-Berland (Imprimerie Bièré, 1930)
• Abbé Patrice-John O’Reilly, Histoire complète de Bordeaux, tomes II & IV (1857–1860)
• Auguste Bordes, Histoire des monuments anciens et modernes de la ville de Bordeaux (1845)
• Burdigala. Bilan de deux siècles de recherches archéologiques à Bordeaux (CNRS, 1998)
• Site officiel Tour Pey Berland
• Office du tourisme de Bordeaux
• Guide Bordeaux-Gironde
• Vivre Bordeaux : Découvrez les secrets de la Tour Pey Berland