11 novembre 1918 à Bordeaux : la ville exulte enfin
Bordeaux, ce matin-là, s’éveille dans un mélange d’incrédulité et de joie. La nouvelle vient de tomber : l’Armistice est signé. Après quatre années d’angoisse, de deuil et d’attente, la guerre est finie. Dans les rues encore couvertes de brouillard d’automne, les cloches sonnent à toute volée, les enfants crient, les soldats se serrent dans les bras des civils. Toute la ville semble respirer à nouveau.
📜 1914 – 1918 : Bordeaux, capitale de repli et témoin de la guerre
Quand la guerre éclate, Bordeaux n’est pas au front, mais elle vit la guerre de près. Dès septembre 1914, le gouvernement français s’y replie face à l’avancée allemande. Raymond Poincaré, le président de la République, s’installe au Palais Rohan, transformé en siège du pouvoir. Pendant plusieurs mois, Bordeaux devient la capitale administrative de la France — une ville grouillante d’activités diplomatiques, militaires et humanitaires.
Voir l’article ► Bordeaux Capitale de la France
Les Bordelais accueillent les blessés, les réfugiés du Nord, et voient partir leurs fils vers le front. La ville entière se transforme : les quais servent à charger le matériel de guerre, les usines de Bacalan tournent à plein régime pour la production d’armes et de véhicules.
🎺 11 novembre 1918 : une explosion de joie sur les quais
Lorsque les cloches annoncent la fin du cauchemar, Bordeaux se couvre de drapeaux tricolores. On sort les uniformes, les cocardes, les chapeaux emplumés. Place des Quinconces, les foules s’embrassent, on chante La Marseillaise à pleins poumons. Les employés quittent leurs bureaux, les écoles libèrent les enfants.

Les témoignages d’époque décrivent une ville en liesse :
« Les Bordelais riaient, pleuraient, s’embrassaient dans les rues. On s’étreignait comme si tout le monde se connaissait depuis toujours. »
La Garonne reflète les guirlandes et les drapeaux qui ornent les façades ; sur les quais, les marins étrangers rejoignent la fête. Dans les cafés de la rue Sainte-Catherine et du quartier Saint-Pierre, on boit à la victoire.
🕯️ Derrière la liesse, le poids des absents
Mais derrière les cris et les fanfares, le deuil est partout. Plus de 5 000 Bordelais sont tombés au champ d’honneur. Les familles se pressent bientôt devant les monuments aux morts qui fleurissent dès 1919 : le monument de la Victoire, place du 11-Novembre, ou celui de la Place du Colonel-Raynal, rappellent les sacrifices de toute une génération.

Dans les journaux locaux comme La Petite Gironde, on lit des appels à la mémoire et à la reconstruction. Bordeaux, comme la France entière, panse ses plaies.
📚 FAQ pour briller en société
💬 Bordeaux a-t-elle été la capitale de la France pendant la guerre ?
Oui ! De septembre à décembre 1914, le gouvernement s’y replie avant de regagner Paris.
💬 Y a-t-il eu des combats à Bordeaux ?
Non, la ville n’a jamais été attaquée, mais elle a servi de centre logistique, administratif et médical essentiel.
💬 Où commémore-t-on aujourd’hui l’Armistice ?
Chaque 11 novembre, la cérémonie officielle se déroule au monument aux morts de la place du 11-Novembre, non loin de la Victoire.
🧾 Sources pour aller plus loin
- Henri Gradis, Histoire de Bordeaux, Calmann-Lévy, 1888
- Louis Desgraves, Évocation du vieux Bordeaux, Éditions de Minuit, 1960
- Société Archéologique de Bordeaux, Revue archéologique de Bordeaux, 1974-2000
- Archives municipales de Bordeaux, fonds photographiques et presse locale (La Petite Gironde, novembre 1918)