Le Pont de Pierre à péage : quand franchir la Garonne coûtait quelques sous

Histoires et secrets
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Difficile d’imaginer aujourd’hui qu’il fallait sortir sa bourse pour traverser la Garonne ! Et pourtant, lorsque le Pont de Pierre fut inauguré en 1822, il n’était pas encore “pont du peuple” : c’était un pont à péage, concédé à une compagnie privée.

💡 L’État, à court de moyens après l’Empire, avait confié la construction à une société d’actionnaires dirigée par Balguerie-Stuttenberg, négociant bordelais. En échange de leur investissement colossal (près de 6,5 millions de francs), ils obtinrent un droit d’exploitation du pont pendant 99 ans, à partir du 1er janvier 1822

⏳ Une timeline qui sonne monnaie 💰

  • 1818 : création de la compagnie d’actionnaires (loi du 12 avril).
  • 1821 : la dernière arche est posée, jour de la Saint-Louis.
  • 1er mai 1822 : le pont est ouvert au public, mais… payant !
  • 1854 : recettes du péage connues — 383 354 francs pour l’année (dont 217 008 pour les piétons et 166 346 pour les véhicules).
  • 1860s : la question du rachat du péage devient un sujet politique local.
  • 1863 : la ville de Bordeaux rachète la concession et rend la traversée gratuite.

💬 Le chroniqueur O’Reilly note :

« Le gouvernement fit à la compagnie la concession du péage du pont pendant quatre-vingt-dix-neuf ans. Le produit devait tenir lieu du remboursement du capital. »
Histoire complète de Bordeaux, t. VIII, chap. IV, 1818

💰 Combien ça coûtait ?

Traverser le pont n’était pas ruineux… mais tout de même un petit luxe pour l’époque ! Les tarifs fixés à l’ouverture en 1822 étaient les suivants :

  • Piéton : 5 centimes (soit environ 0,20 € d’aujourd’hui)
  • Cavalier avec son cheval : 35 centimes (soit environ 1,20 €)
  • Charrette ou diligence : entre 50 centimes et 1 franc (soit 1,70 € à 3,40 €)
  • Bétail : tarif au nombre de têtes ! Une vache coûtait environ 10 centimes, soit 0,35 €, et un mouton à peine plus de 0,10 €

💡 En 1854, la recette totale du péage atteignait 383 354 francs, soit l’équivalent d’environ 1,5 million d’euros actuels. Autant dire que le pont rapportait bien à ses investisseurs !

1820 Péage Pont de Pierre
1820 Péage Pont de Pierre

Pas étonnant que certains Bordelais préféraient encore les bacs pour traverser la Garonne gratuitement. Le débat “payer ou ramer” faisait déjà rage sur les quais 😅

📜 La fin du péage : un pont rendu au peuple

Le rachat du péage fut voté dans les années 1860, après de longues négociations. Le pont de pierre devint gratuit vers 1863, et symboliquement “rendu” aux Bordelais. La suppression du péage coïncida avec le développement du tramway et des premiers omnibus urbains : le pont s’ouvrait à tous, sans distinction.

🤓 FAQ pour briller en société

Pourquoi un péage ?
Parce que le pont avait été financé par des investisseurs privés. C’était leur façon d’amortir les coûts.

Combien de temps a duré le péage ?
Environ quarante ans, de 1822 à 1863 environ.

Y avait-il un contrôle ?
Oui, des guérites à chaque entrée où l’on payait en liquide (souvent en centimes ou “ardits”).

Et Napoléon dans tout ça ?
C’est lui qui ordonna la construction du pont en 1808, mais il n’en vit jamais la fin.

📚 Sources

  • Abbé Patrice-John O’Reilly, Histoire complète de Bordeaux, tome VIII, 1858 — Source Gallica BnF
  • Pierre Bernadau, Le Viographe bordelais ou Revue historique et anecdotique de Bordeaux, 1840 — Source Gallica BnF
  • Archives municipales de Bordeaux, Pont de Pierre — Concession et rachat du péage, 1863

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