Le Palais de l’Ombrière, le Louvre médiéval de Bordeaux

Lieux et monuments
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… enfin, sur la fonction, moins sur l’architecture et l’art….

On l’a oublié, et pourtant Bordeaux a eu son propre palais royal, la palais de l’Ombrière ! Situé en bord de Garonne, à l’emplacement de l’actuelle place du Palais, il fut pendant près de huit siècles le cœur battant du pouvoir bordelais. Rois, ducs, jurats et présidents du Parlement s’y sont succédé, et ses murs ont vu passer les grandes heures comme les drames de la cité. Aujourd’hui, il n’en reste rien, sinon quelques fondations ensevelies sous les pavés. Mais son souvenir, lui, plane toujours sur le vieux Bordeaux 🌙

🕰️ Timeline historique

  • 🏗️ Xe siècle : construction du premier palais ducal.
  • 👑 1154 : Aliénor d’Aquitaine épouse Henri II Plantagenêt, le palais devient résidence royale anglaise.
  • ⚖️ XIIIᵉ siècle : siège du pouvoir municipal et judiciaire.
  • 🏛️ 1462 : création du Parlement de Bordeaux par Louis XI.
  • 🔥 XVIIIᵉ siècle : ruine progressive du bâtiment.
  • 🧱 1800 : démolition complète.
  • 📍 Aujourd’hui : son souvenir se niche sous la place du Palais.

👑 Le cœur du pouvoir médiéval au palais de l’Ombrière

Le palais de l’Ombrière fut d’abord un château ducal fortifié, entouré de douves et de murailles. Les ducs d’Aquitaine y rendaient justice et y tenaient cour. Avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, la demeure devint résidence royale anglaise et centre du pouvoir anglo-aquitain.

« Le palais de l’Ombrière, résidence des ducs d’Aquitaine, fut le foyer d’où rayonna longtemps la justice et le pouvoir dans toute la Guyenne. » — abbé O’Reilly, 1857

Sous les rois d’Angleterre, Bordeaux devient une capitale politique et économique de premier plan. Les sceaux et armoiries de Bordeaux portaient les trois léopards d’or des Plantagenêts. Lors du retour de la ville à la couronne de France, ils furent remplacés par les fleurs de lys — un va-et-vient symbolique qui traduisait les changements de domination.

⚖️ Naissance du Parlement de Bordeaux

Après la reconquête française, le roi Louis XI crée en 1462 le Parlement de Guyenne. Les grandes salles du palais accueillent alors magistrats, greffiers et avocats. Les fastes de la royauté laissent place à l’austérité des tribunaux, mais l’Ombrière conserve son importance : c’est là que bat le cœur politique du Sud-Ouest.

L’édifice, avec ses tours crénelées, sa chapelle et sa grande cour, dominait la Garonne et les remparts de la ville. Les Bordelais le voyaient comme un symbole de justice et de puissance.

🧱 Détails architecturaux et techniques du palais de l’Ombrière

Si le palais de l’Ombrière a disparu, les plans anciens et les chroniques permettent d’en dresser un portrait étonnamment précis. Le bâtiment formait un vaste quadrilatère d’environ 100 mètres de côté, ceint de murs de pierre de taille et renforcé par quatre tours d’angle crénelées. Il possédait :

  • 🪟 Une grande salle d’audience longue d’une cinquantaine de mètres, comparable à la salle des pas perdus des grands palais médiévaux ;
  • Une chapelle gothique, dédiée à Saint-Louis, où les ducs assistaient à la messe avant de siéger ;
  • ⚔️ Un corps de garde et un arsenal, avec ses caves basses servant de prison, les fameux « cachots du Roi » ;
  • 🪞 Un logis royal, orné de vitraux et de boiseries, dont certaines pièces auraient servi à Aliénor d’Aquitaine puis à Édouard de Woodstock, le célèbre Prince Noir ;
  • 💧 Un puits central et des citernes pour recueillir les eaux pluviales, indispensables à un bâtiment isolé entre fleuve et remparts ;
  • 🔔 Une tour horloge coiffée d’un beffroi, d’où l’on sonnait les audiences du Parlement et les exécutions.
Plan du Palais de l'Ombrière - 1700
Plan du Palais de l’Ombrière – 1700 Tiré de « Comptes-rendus de la Commission des Monuments historiques de la Gironde » d’après le catalogue : https://selene.bordeaux.fr/ark:/27705/330636101_DEL_CARTON_23_61_2/v0001.simple.selectedTab=record

Auguste Bordes (Histoire des monuments anciens et modernes de Bordeaux, 1845) rapporte que le palais possédait encore au XVIIIᵉ siècle « de vastes caves voûtées, un grand escalier tournant en pierre et une porte donnant sur les quais de la Garonne ». Les fouilles modernes ont confirmé la présence de fondations médiévales profondes et de murs en petit appareil d’époque gothique.

📍 L’emplacement historique du Palais de l’Ombrière

Le palais s’élevait entre la Porte Cailhau et les quais de la Garonne, sur l’emplacement de l’actuelle place du Palais. Il occupait un vaste quadrilatère délimité par les rues de la Douane, du Pont de la Mousque et de la rue du Mirail. Ses tours dominaient le port, et un pont-levis donnait accès à la cour intérieure depuis les quais.

Palais de l'Ombrière 1700
Palais de l’Ombrière 1700 Tiré « L’Histoire des Monuments de Bordeaux » d’Auguste Bordes, d’après le catalogue : https://selene.bordeaux.fr/ark:/27705/330636101_DEL_CARTON_23_57/v0001.simple.selectedTab=record

Les plans anciens — notamment celui de Belleyme (1761) — montrent encore sa silhouette, avec ses tours et ses murailles descendant presque jusqu’à la rive. Les crues de la Garonne venaient battre les fondations, ce qui contribua à son déclin progressif avant sa démolition complète vers 1800

🧱 Disparition, prisons et exécutions

Le palais fut démantelé pierre par pierre. Ses matériaux servirent à construire des habitations et des quais. Au XIXᵉ siècle, plusieurs fouilles révélèrent des murs médiévaux, des caves voûtées et des fragments sculptés aujourd’hui conservés au Musée d’Aquitaine.

Palais de l'Ombrière 1800
Palais de l’Ombrière 1800 Tiré « L’Histoire des Monuments de Bordeaux » d’Auguste Bordes, d’après le catalogue : https://selene.bordeaux.fr/ark:/27705/330636101_DEL_CARTON_23_57

Sous la place du Palais dorment encore ces vestiges silencieux : fondations, caves et traces du « cachot du Roi », où étaient enfermés les prisonniers jugés par le Parlement. Cette prison souterraine, humide et voûtée, servait aussi de lieu de détention pour les condamnés à mort avant leur exécution.

Pendant tout le Moyen Âge, les exécutions se déroulaient devant le palais de l’Ombrière, sur la place même, symbole du pouvoir royal. Mais à partir du XVIᵉ siècle, le gibet et le pilori furent transférés vers l’actuelle place Fernand-Lafargue, alors appelée place du Marché ou place du Pilouret. Cette dernière abritait un poteau de châtiment et une petite tour affermée au bourreau, qui y rangeait ses instruments de supplice. Les Bordelais y assistaient aux pendaisons et aux expositions publiques, dans une ambiance où la justice se mêlait au spectacle.

À la Révolution, les exécutions furent ensuite déplacées sur la place Dauphine, l’actuelle place Gambetta, avant leur abolition. ⚖️💀

💡 Pourquoi ce nom « Ombrière » ?

Le mot viendrait du vieux gascon ombrièra, issu du latin umbra — l’ombre. Il désignait probablement une cour couverte ou un portique abrité du soleil. D’autres y voient une allusion à la pénombre humide du lieu, tout près du fleuve. Quoi qu’il en soit, le nom a traversé les siècles, donnant aujourd’hui encore son nom à la place du Palais. 🌤️

🤓 FAQ pour briller en société

👉 Y a-t-il encore quelque chose à voir ?
Pas grand-chose, sinon la place du Palais qui en marque l’emplacement exact.

👉 Qui y a vécu ?
Les ducs d’Aquitaine, les rois d’Angleterre, puis les présidents du Parlement.

👉 Où étaient jugés et enfermés les condamnés ?
Dans les caves voûtées sous le palais, surnommées le Cachot du Roi.

👉 Où étaient exécutés les condamnés à mort ?
D’abord devant le palais de l’Ombrière (place du Palais), puis à partir du XVIᵉ siècle sur la place du Marché — l’actuelle place Fernand-Lafargue, anciennement appelée le Pilouret.

👉 Quelle taille faisait le palais ?
Environ 100 mètres de côté, avec quatre tours, une grande salle de 50 mètres de long et plusieurs corps de bâtiments autour d’une cour centrale.

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