Nécropole Saint-Seurin : sous la basilique, la ville des morts

Lieux et monuments
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On passe devant sans trop y penser. On admire ses vieilles pierres, on prend peut-être une photo de la basilique 📸 et on file. Et pourtant… sous la basilique Saint-Seurin, il y a un autre Bordeaux, plus ancien, plus silencieux — un Bordeaux qui dort depuis près de deux mille ans. Bienvenue dans la nécropole Saint-Seurin, le plus ancien site chrétien de la ville et l’un des trésors archéologiques les plus émouvants de Bordeaux.

🕰️ Timeline historique de la nécropole Saint-Seurin

  • 🏺 IIIᵉ siècle apr. J.-C. → Création d’un vaste cimetière gallo-romain hors les murs de Burdigala.
  • ✝️ IVᵉ siècle → Apparition des premières tombes chrétiennes dans la nécropole Saint-Seurin.
  • 👼 Vᵉ siècle → Construction d’un sanctuaire autour du tombeau de saint Seurin, évêque de Bordeaux.
  • ⚰️ VIᵉ – IXᵉ siècles → Développement du grand complexe funéraire chrétien.
  • 🏰 XIᵉ siècle → Édification de la basilique romane actuelle sur les fondations paléochrétiennes.
  • 🧭 Moyen Âge – Renaissance → Étape majeure sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
  • 🧑‍🔬 XIXᵉ – XXᵉ siècles → Redécouverte de la nécropole Saint-Seurin et fouilles archéologiques.
  • 🗂️ XXIᵉ siècle → Nouvelles campagnes et inventaire complet mené par la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

⏳ Avant la basilique, le cimetière antique

Dès le IIIᵉ siècle, la nécropole Saint-Seurin s’impose comme le grand cimetière de Burdigala. Les morts y sont inhumés hors des murs, selon la tradition romaine. Sur près de 5 000 m², les archéologues ont retrouvé plus de 3 000 sépultures ⚰️, dont certaines creusées à plus de 3 mètres de profondeur. Les fouilles ont livré 1 200 objets funéraires 🏺 : lampes à huile, bijoux 💍, flacons de verre, monnaies et amulettes. Des indices précieux qui racontent les croyances et les gestes funéraires d’une époque charnière entre le monde païen et le christianisme.

Nécropole de laBasilique Bordeaux Saint-Seurin
Nécropole de la Basilique Bordeaux Saint-Seurin

Au IVᵉ siècle, les premiers symboles chrétiens apparaissent : poissons 🐟, croix ✝️, colombes 🕊️.
Le cimetière antique devient peu à peu une nécropole chrétienne : ici s’écrit la naissance du culte funéraire chrétien à Bordeaux.

✝️ Saint Seurin, évêque et protecteur de Bordeaux

C’est autour de la figure de saint Seurin, évêque du IVᵉ siècle, que le lieu prend sa dimension spirituelle.
À sa mort, sa tombe devient un lieu de pèlerinage. Les fidèles viennent y prier, espérant guérison ou miracle 🙏. Un premier sanctuaire est érigé sur sa sépulture, bientôt suivi d’une basilique, reconstruite au fil des siècles jusqu’à l’édifice roman actuel.

Sous le chœur de la basilique, la crypte archéologique de la nécropole Saint-Seurin conserve les traces de ces débuts : un autel primitif, des mosaïques et plusieurs sarcophages encore en place. Chaque couche de pierre raconte une époque, chaque sarcophage une âme.

⚱️ Ce que révèlent les fouilles de la nécropole Saint-Seurin

Les campagnes menées par Roger Duru dans les années 1980, puis Dominique Barraud dans les années 1990, ont révélé la complexité du site. Les archéologues ont distingué plusieurs phases d’occupation : des fosses romaines aux caveaux chrétiens, sur près de quinze siècles d’histoire continue.

Aujourd’hui, 70 sarcophages sont visibles dans la crypte 🕯️, mais on estime qu’il en reste plus de 1 000 enfouis sous le quartier. La DRAC Nouvelle-Aquitaine a recensé 400 inscriptions funéraires : certaines portent encore les noms de Bordelais du IVᵉ siècle — Severus, Valeria, Lucius…

Nécropole de laBasilique Bordeaux Saint-Seurin
Nécropole de laBasilique Bordeaux Saint-Seurin – Source Rue89

Les symboles chrétiens gravés dans la pierre — chrismes, colombes, rinceaux — sont les témoins d’une foi naissante, entre héritage romain et espérance nouvelle.

🧙‍♂️ Légendes et mystères de la nécropole Saint-Seurin

Les pierres parlent, mais les légendes, elles, chantent 🎺. À Saint-Seurin, les mystères se mêlent à l’histoire.
Les Bordelais d’autrefois venaient y “jurer sur le fort” : prêter serment sur la tombe de saint Fort, protecteur local, réputé pour punir les menteurs.

Nécropole de la Basilique Bordeaux Saint-Seurin - Saint-Fort
Nécropole de laBasilique Bordeaux Saint-Seurin – Saint-Fort

Et puis il y a la plus célèbre : la légende du cor de Roland 🎺. On dit que le héros de Roncevaux aurait laissé ici son olifant avant de partir en guerre aux côtés de Charlemagne. L’objet aurait reposé dans la crypte de la nécropole Saint-Seurin avant de disparaître. Une légende sans preuve, certes, mais indissociable de l’âme du lieu.

Il faut rappeler aussi que la crypte recèle ses propres secrets : des sarcophages scellés, des sépultures anonymes et, selon certains, les crânes de religieuses guillotinées pendant la Terreur ⚔️.
Entre histoire et rumeur, Saint-Seurin reste un lieu où l’imaginaire veille autant que les morts.

🧭 La nécropole Saint-Seurin, halte des pèlerins

À partir du Moyen Âge, la nécropole Saint-Seurin devient une étape essentielle sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle 🐚. Les pèlerins s’y recueillent sur les reliques de saint Seurin avant de rejoindre la cathédrale Saint-André. Sous leurs pas, les sarcophages veillent, imperturbables, depuis quinze siècles.

Aujourd’hui, la crypte de la nécropole Saint-Seurin se visite 🕯️ : un espace archéologique unique où le visiteur traverse le temps. Descendre là, c’est pénétrer dans le ventre même de Bordeaux 💀, là où les morts racontent les débuts de la ville.

🧾 L’inventaire archéologique de la nécropole Saint-Seurin

Un siècle de fouilles, de dessins et de catalogues : le site de la nécropole Saint-Seurin est aujourd’hui l’un des mieux documentés de France. Conservé en partie au Musée d’Aquitaine, l’inventaire comprend :

  • 🏺 1 200 artefacts (lampes, fibules, verres, sarcophages) ;
  • 🧩 1 000 relevés archéologiques ;
  • ⚰️ 350 sarcophages identifiés, dont 70 exposés sur le site ;
  • 📜 Plaques funéraires du IVᵉ au IXᵉ siècle.

Les recherches récentes ont permis de cartographier les zones d’inhumation et d’identifier les phases d’occupation, de l’époque romaine à l’époque carolingienne. La nécropole Saint-Seurin est aujourd’hui inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

💬 FAQ pour briller en société

💡 Pourquoi la nécropole Saint-Seurin est-elle hors les murs ?
Parce que les Romains interdisaient d’inhumer les morts dans la ville. Le site se trouvait à la limite de Burdigala.

⛪ C’est le plus vieux lieu de culte de Bordeaux ?
Oui, la nécropole Saint-Seurin est le berceau du christianisme bordelais, bien avant la cathédrale Saint-André.

🎺 Et le cor de Roland, alors ?
Aucune preuve archéologique, mais la légende résonne encore dans la crypte… et ça, c’est bien plus beau.

📚 Sources et références

  • R. Duru, La crypte de l’église Saint-Seurin de Bordeaux, 1982.
  • D. Barraud & J.-F. Pichonneau, La nécropole paléochrétienne de Saint-Seurin, 1999.
  • Walid Salem, Légendes et mystères de la crypte Saint-Seurin, Rue89 Bordeaux, 2015.
  • Musée d’Aquitaine, Burdigala. Deux siècles de recherches archéologiques à Bordeaux, 1996.
  • DRAC Nouvelle-Aquitaine, Inventaire archéologique de la nécropole Saint-Seurin, 2018.

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