Pourquoi “basilique” et pas “église” Saint-Seurin ?
On la surnomme souvent “l’église Saint-Seurin” — et pourtant, l’Église, avec un grand “E”, l’a élevée au rang supérieur : celui de basilique. Un titre prestigieux, accordé par le pape, qui consacre non seulement son ancienneté, mais aussi son importance dans l’histoire du christianisme à Bordeaux. Mais au fond, pourquoi ne pas simplement dire “l’église Saint-Seurin” ? Et que cache ce mot “basilique” Saint-Seurin que l’on prononce sans toujours en connaître le sens ?
🕰️ En bref : la timeline historique
- IVe siècle : premiers chrétiens autour de la nécropole de Saint-Seurin
- VIe siècle : le sanctuaire devient un lieu de culte majeur
- XIe siècle : construction de la grande église romane
- XIXe siècle : fouilles de la crypte paléochrétienne
- 1840 : classée monument historique
- 1908 : le pape Pie X lui accorde le titre de basilique mineure
- Aujourd’hui : Saint-Seurin reste à la fois une basilique et une église paroissiale
🏛️ Basilique, église : quelle différence ?
Le mot “basilique” vient du grec basilikè, la “maison du roi”. À l’origine, les basiliques romaines étaient des lieux civils, où l’on rendait la justice. Les premiers chrétiens ont repris ce modèle architectural pour leurs lieux de culte. Au fil du temps, le Vatican a réservé le titre de basilique mineure à certaines églises particulièrement importantes par leur histoire, leur beauté ou leur rayonnement spirituel.

👉 En clair : toutes les basiliques sont des églises, mais toutes les églises ne sont pas basiliques.
🌟 L’église Saint-Seurin, mère des églises bordelaises
Bien avant la cathédrale Saint-André, l’église Saint-Seurin était le cœur du christianisme bordelais. Sous ses dalles, les archéologues ont retrouvé les vestiges d’une nécropole gallo-romaine datant du IVe siècle. C’est là que se rassemblaient les premiers chrétiens, autour du tombeau de saint Seurin, évêque de Bordeaux.

Ce lieu devint ensuite un haut lieu de pèlerinage : on y priait Saint-Fort, et les pèlerins de Compostelle y faisaient halte avant de franchir la Garonne. C’est cette continuité, entre foi, histoire et mémoire, qui valut à l’église Saint-Seurin son titre de basilique en 1908.
“L’église de Saint-Seurin est la mère des églises de Bordeaux”, écrivait l’abbé O’Reilly dans son Histoire complète de Bordeaux.
✝️ Les trois basiliques de Bordeaux
Bordeaux compte aujourd’hui trois basiliques mineures, toutes issues d’églises historiques :
- Saint-Seurin – la plus ancienne, bâtie sur la nécropole primitive
- Saint-Michel – symbole de la ferveur populaire du XIXe siècle
- Sainte-Marie de la Bastide – plus récente, titrée en 1953
Ainsi, quand tu dis “église Saint-Seurin”, tu n’as pas tort : elle reste une église vivante, mais aussi un haut lieu spirituel reconnu par Rome.
🤓 FAQ pour briller en société
👉 Quelle différence entre une cathédrale et une basilique ?
La cathédrale est le siège d’un évêque (Saint-André à Bordeaux).
La basilique est une église honorée par le pape pour son rôle historique et spirituel.
👉 Y a-t-il des reliques à Saint-Seurin ?
Oui : on y vénère notamment Saint-Fort, saint patron des enfants, et d’autres reliques venues de la nécropole paléochrétienne.
👉 Et le cor de Roland ?
Un cor ancien retrouvé dans la crypte fut longtemps présenté comme celui du chevalier Roland. La légende n’est pas prouvée… mais elle reste l’une des plus célèbres de Bordeaux 📯
📚 Sources historiques
- Patrice-John O’Reilly, Histoire complète de Bordeaux (1858), Gallica BnF
- Louis Desgraves, Évocation du Vieux Bordeaux, Éditions de Minuit, 1960
- Auguste Bordes, Histoire des Monuments anciens et modernes de la ville de Bordeaux, 1845
- Société archéologique de Bordeaux, Revue archéologique de Bordeaux
- Dossier pédagogique “Bordeaux XVIIIe siècle” – Ville de Bordeaux
- Diocèse de Bordeaux – Basilique Saint-Seurin