Incendie de l’Hôtel de Ville en 1862 : une partie de l’histoire de Bordeaux effacée

Histoires et secrets
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Il y a des drames dont une ville parle encore comme d’une brûlure ancienne. L’incendie de l’Hôtel de Ville en 1862 fait partie de ceux-là. Imagine : en une nuit, Bordeaux a failli perdre six siècles de mémoire, engloutis dans un brasier qui dévora la partie sud du bâtiment. À l’époque, personne n’imagine que les archives — ces vieux papiers poussiéreux — seraient un jour les trésors que tu aimes lire tranquillement sur vieux-bordeaux.fr 😉. Et pourtant : sans quelques heures de chance, de panique organisée et de sueur froide, c’est toute l’histoire administrative, sociale, criminelle et politique de Bordeaux qui aurait disparu. Ce n’est pas seulement un incendie : c’est un épisode qui rappelle à quel point notre patrimoine tient parfois à… un seau d’eau. 💧🔥

📆 Timeline de l’incendie de l’Hôtel de Ville (1862)

  • 18 juin 1862 – en soirée : un feu se déclare dans la partie méridionale de l’Hôtel de Ville de Bordeaux.
  • 18–19 juin 1862 – nuit : les flammes gagnent les salles où étaient entreposées une grande partie des documents municipaux.
  • 19 juin 1862 – à l’aube : une partie des archives anciennes est détruite ; les manuscrits et documents les plus précieux, conservés dans le cabinet de l’archiviste, sont sauvés.
  • 1863–1867 : la Ville tente de reconstituer ses séries perdues ; plusieurs documents sont définitivement irrémédiables.
  • 1867 : dans l’introduction du Livre des Bouillons, on mesure l’ampleur du drame et la fragilité de la mémoire municipale.

🔥 Le jour où Bordeaux a failli perdre son passé

Le 18 juin 1862, un incendie se déclare dans l’une des ailes de l’Hôtel de Ville. L’évènement est suffisamment grave pour que les rédacteurs des Archives municipales de Bordeaux en parlent des décennies plus tard, comme d’un traumatisme civique. On y lit :

« Le terrible incendie qui se déclara le 18 juin 1862 dans la partie méridionale de l’Hôtel-de-Ville eut pour nos archives des conséquences bien autrement désastreuses. »

L’incendie de l’Hôtel de Ville n’est pas un simple “sinistre technique”. Il touche directement les salles où sont stockées des centaines de liasses, registres et pièces uniques, certains datant du Moyen Âge. Le bâtiment, encore en configuration pré-moderne, est un véritable labyrinthe de boiseries, de planchers, de rayonnages en bois. En quelques heures, l’enfer s’y propage avec une facilité déconcertante.

Incendie Hotel de Ville 1962
Incendie Hotel de Ville 1962

Les pompiers interviennent, les employés municipaux courent, arrachent des liasses, transportent dans la rue des boîtes entières. Plusieurs pièces majeures — notamment des manuscrits anciens — avaient heureusement été conservées dans le cabinet de l’archiviste, mieux protégé. On lira avec soulagement dans la même source :

« Les manuscrits et documents historiques les plus précieux ont été préservés. »

Mais le reste ? Des pans entiers ont disparu pour toujours.

🗂️ Ce que Bordeaux a réellement perdu cette nuit-là

Les inventaires antérieurs — celui de 1617, celui de 1659 — témoignaient de la richesse disproportionnée des archives municipales : privilèges, chartes, correspondances, registres criminels, délibérations, comptes de jurade, litiges avec la Couronne, dossiers de police du vin, procès d’Ancien Régime… tout y passait.

Or une grande partie de ces séries a été « complètement détruite » selon les rédacteurs du Livre des Bouillons. Le plus dramatique : certaines pièces avaient survécu aux Anglais, au connétable de Montmorency en 1548, à la Révolution… mais pas aux flammes de 1862. En quelques heures, le feu réussit ce que cinq siècles de guerres, rébellions et révolutions n’avaient jamais détruit.

🧱 Pourquoi cet incendie de l’Hôtel de Ville fut un tournant dans l’histoire bordelaise

L’évènement marque une prise de conscience. À partir de cette date :

  • la Ville professionnalise davantage la gestion de ses archives,
  • la sauvegarde, la copie, puis la publication des documents deviennent prioritaires (d’où la série imprimée Archives municipales de Bordeaux, lancée en 1867),
  • on commence à considérer qu’un document ancien est un patrimoine, pas juste un “vieux papier”.

C’est même ce drame qui a accéléré l’idée d’imprimer le Livre des Bouillons et les volumes suivants, une manière de rendre immortels des documents qui ne l’étaient plus matériellement.

Autrement dit :
➡️ Sans l’incendie de 1862, une grande part du vieux Bordeaux serait encore inaccessible… mais sans lui, une autre part a définitivement disparu.

💬 FAQ pour briller en société

🔥 L’incendie de 1862 est-il le premier à toucher les archives bordelaises ?
Non ! D’autres destructions ont existé, mais partielles : en 1548 lors de la répression de Montmorency, ou durant certaines foules révolutionnaires. Mais jamais un incendie aussi sévère.

📚 Les documents les plus précieux ont-ils vraiment été sauvés ?
Oui : ils étaient dans le cabinet de l’archiviste, une pièce plus isolée. L’introduction des Archives municipales le confirme.

🏛️ On peut toujours consulter les archives détruites ?
Non, ce qui est brûlé est perdu. Mais certains documents avaient été copiés avant 1862 — par exemple les 43 copies collationnées envoyées de Londres en 1673.

📚 Sources

  • Archives municipales de Bordeaux, Livre des Bouillons, Introduction (1867).
  • Archives municipales de Bordeaux, Inventaire 1659 par Louvet & Lamoure.

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