Vercingétorix aux allées d’Amour : le Gaulois qui veillait sur Saint-Seurin
Tu marches tranquillement sous les platanes des allées d’Amour (place des Martyrs de la Résistance), tu lèves les yeux vers la basilique Saint-Seurin… et si je te disais qu’ici, autrefois, trônait un Gaulois moustachu prêt à en découdre avec Rome ? Oui oui, Vercingétorix en personne avait trouvé refuge à Bordeaux 😮. Le grand chef d’Alésia, celui du « J’ai livré la bataille », a eu droit à sa statue au XIXᵉ siècle, au cœur du plus ancien quartier de la ville.
⚔️ Le XIXᵉ siècle et la fièvre gauloise
C’est simple : après 1870, la France se cherche des héros. On redécouvre Jeanne d’Arc, Clovis… et notre Vercingétorix national, symbole d’unité et de résistance. Les villes se couvrent de statues patriotiques, et Bordeaux, qui n’aime pas être en reste, décide d’en ériger une aussi. Et où ? Pas sur les quais, ni au Jardin public, mais dans les allées d’Amour, au pied de la basilique Saint-Seurin, le cœur historique de Burdigala. Le choix n’est pas innocent : ici même, les archéologues exhument depuis le XVIᵉ siècle sarcophages, mosaïques et statues gallo-romaines. Le décor est parfait pour accueillir le héros des Gaules.
« La statue du chef gaulois s’élève, fière et solitaire, sur le sol des anciens peuples d’Aquitaine », écrit un chroniqueur bordelais en 1878.
🌳 Les allées d’Amour, ou quand l’histoire flirte avec le romantisme
Petite précision : leur nom ne vient pas des amourettes d’époque, mais d’un chanoine nommé Damours (tout s’explique 😄). Ce religieux fit aménager la promenade au XVIIᵉ siècle pour abriter les marchands du quartier Saint-Seurin. Au XIXᵉ siècle, les allées deviennent un lieu de flânerie chic. Sous les arbres, on y croise les étudiants du lycée, les dames à ombrelle, et… le fier Vercingétorix, dressé sur son piédestal, épée à la main, le regard tourné vers le nord — vers Rome, dit-on, comme un défi lancé à l’histoire.
🏺 Un héros… fondu dans la tourmente
Hélas, les Gaulois n’ont pas résisté à tout. Durant la Seconde Guerre mondiale, les autorités réquisitionnent les bronzes publics. Le Vercingétorix bordelais y passe, comme tant d’autres. Fondu, disparu, avalé par la grande Histoire. Restent quelques cartes postales sépia où l’on devine sa silhouette martiale sous les platanes, et la mémoire tenace des Bordelais férus d’histoire locale.
💬 FAQ pour briller en société
Pourquoi Bordeaux a-t-elle voulu sa statue de Vercingétorix ?
Parce que le XIXᵉ siècle adore les symboles nationaux. Vercingétorix, c’est la fierté gauloise, la résistance à l’envahisseur — un message qui résonne fort après la défaite de 1870.
Pourquoi dans les allées d’Amour ?
Parce qu’on y respire l’histoire à chaque pas : basilique, nécropole antique, vestiges gallo-romains… tout y rappelle les racines profondes de la ville.
Et aujourd’hui, on peut encore la voir ?
Non, la statue a disparu pendant la guerre, mais le lieu, lui, reste chargé de symboles. Promène-toi là-bas, ferme les yeux : tu l’entendras presque souffler, ton Gaulois de Bordeaux 💨.
📚 Pour aller plus loin
- Pierre Bernadau, Le Viographe bordelais ou Revue historique et anecdotique de Bordeaux (BnF Gallica).
- Abbé O’Reilly, Histoire complète de Bordeaux, t. II, chap. sur Saint-Seurin.
- Société Archéologique de Bordeaux, Bulletins et Mémoires, 1878-1881.
- Louis Desgraves, Évocation du Vieux Bordeaux, éd. de Minuit, 1960.
- Archives municipales de Bordeaux, dossier « Monuments détruits 1939-1945 ».
